LA SALLE DES PREUSES ...
... au château de Pierrefonds. (suite)
La salle des Preuses, ancienne salle de justice, incarne le faste lié aux fêtes du Second Empire. Une grande tribune d'orchestre la domine.
A l'extrémité, une cheminée à double foyer est décorée des statues de l'impératrice Eugénie et de ses dames de compagnie figurées sous les traits des preuses.
Le mot
« preux » vient en effet du bas-latin prodis qui signifie « utile » : la notion d’utilité est donc à la base du mot et de tous ses emplois ultérieurs : le preux
est à la fois le vaillant chevalier, mais aussi l’homme courtois, sage et magnanime.
Héros de la littérature médiévale, nous retrouvons les neuf preux dès le XIe siècle dans les chansons de geste (Charlemagne), dans les
romans antiques (Hector, Alexandre, César), dans les romans bretons (Arthur) et de chevalerie. Dans ces œuvres, les héros sont tous présentés comme des chevaliers pieux, sages, prudents,
courageux, prêts à se dépasser pour accomplir des actions surhumaines, souvent par amour.
Plus tard
apparaissent en France les Neuf Preuses, probablement créées par Jean Le Fèvre, procureur au Parlement de Paris et
auteur entre 1373 et 1387 du Livre de Lëesce, où il défend les femmes contre les auteurs misogynes de son temps. Dame Lëesce, qui incarne la joie,
présente ces preuses femmes comme plus audacieuses, courageuses, et vertueuses que les hommes.Ces figures de guerrières qui appartiennent toutes à l’Antiquité ou à la mythologie classique
connaissent une mode qui répond à celle de leur pendant masculin, les Neuf Preux. Preux et Preuses évoquent avec une certaine nostalgie un monde chevaleresque dont la réalité militaire du temps
vient bouleverser tous les repères.
Les deux banquettes circulaires que vous apercevez sur la droite, à l'autre extrémité de la salle des
preuses, constituent l'unique mobilier. Elles ont été dessinées par Viollet-le-Duc.