L HISTOIRE PRESTIGIEUSE ...
...ET TOURMENTEE DU CHATEAU DE DOMFRONT(Orne)
dont il ne reste aujourd'hui que les ruines de sa magnificence passée. Onze de ses 24 tours initiales sont visibles et chacune de ses pierres évoque tragédie, révolte, combats sanglants.
En l'an 1010, Guillaume 1er de Bellême construisit un fort en bois à Domfront sur un éperon de grès armoricain dominant la cluse de la Varenne. Il contrôlait la route qui reliait Caen au Maine et à l'Anjou.
(photo prise sur internet)
Guillaume le Conquérant reprit la ville aux angevins en 1052. Quarante ans plus tard, son troisième fils s'empara de Domfront avec la bénédiction de ses habitants. Sous son impulsion,le château devint l'un des dix plus grands d'Europe et le donjon quadrangulaire dont une partie a résisté aux temps et aux destructions, fut construit. En 1154, les Plantagenet s'y installèrent et son importance grandit ; il était alors l'un des points stratégiques en Normandie.
Possession personnelle de Jean sans Terre, il fut repris par Philippe-Auguste en 1204 et devint la résidence d'été des comtes d'Artois.
Pendant la Guerre de Cent Ans, il fût pris et occupé deux fois par les Anglais, de 1356 à 1366, puis de 1418 à 1450. Le chef protestant Gabriel de Montgomery y fût capturé en 1574 par le général de Matignon avant d'être décapité sur ordre de Catherine de Médicis à Paris. Décapité ! Quelle barbarie, si on visualise ! Heureusement nous avons eu 500 ans supplémentaires pour adoucir nos moeurs...Au point que désormais, tuer une araignée est devenu péché mortel même si ce n'est pas encore passible de prison parce que les prisons sont trop pleines.
Sully le fit démanteler à la poudre à canon en 1610. Sully ? Vous vous souvenez de ce ministre d'Henri IV ? C'est lui qui aimait répéter ces mots : " Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France. " Qu'est-ce qu'il dirait maintenant ? la France a t-elle encore des mamelles nourricières ou bien est-elle devenue une vache à lait aux mamelles épuisées ? Cette phrase qu'il aimait tant résume tout ce que j'avais retenu de lui. J'y ajoute maintenant la destruction du château de Domfront. C'est bien dommage qu'il nous ait ainsi privé du plaisir de l'admirer comme à ses plus beaux jours. Il ne reste que l'emplacement du donjon, de l'enceinte, des remparts, des tours...
Désormais, la route passe à la place du fossé qui séparait le château de la ville.
Vue du château sur la vallée
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La ville avec ses maisons à colombages régroupées dans des rues étroites reste un exemple de l'architecture au Moyen Age
J'ai flashé sur les superbes plaques d'égout !
Si j'étais une voleuse, j'en aurais même piqué une.
Que j’aime tes débris, antique et sombre Fort
Qui, sur ton roc assis, du temps braves l’effort,
Et, depuis huit cents ans, lèves ta vieille tête
Qu’en vain ronge l’hiver, qu’en vain bat la tempête !
Domfront ! ton haut château semble, de toutes parts,
Du voyageur errant poursuivre les regards ;
Soit que, de Saint-Bômer, à l’œil il se présente ;
Soit que, du Margantin, sa ruine imposante
S’offre, rougie au loin de la pourpre du soir.
Mais qu’au pied de ces murs je me plais à m’asseoir !
Là, seul, pensif, foulant ces antiques décombres,
Des siècles écoulés j’interroge les ombres ;
...
Théâtre ensanglanté d’une implacable guerre,
Dépendant tour à tour de France et d’Angleterre,
Par deux peuples rivaux trois cents ans disputé,
Parmi les meilleurs forts ce donjon fut compté.
Les enfants de Calvin, dans leurs haines sauvages,
Trop souvent dans ces lieux, ont porté leurs ravages ;
Et la Ligue, à son tour, y jeta la terreur,
Aussi, combien de fois, promenant leur fureur
De châteaux en châteaux et de villes en villes,
Les tragiques acteurs de nos guerres civiles,
Au pied de ces remparts ont vidé leurs débats
...
Seul, et veuf de ses tours, dès longtemps mutilées,
Et par ordre d’un Roi jadis démantelées,
Parmi tant de débris le donjon est resté,
Debout, inébranlable et beau de vétusté.
Oh ! que j’aime à rêver dans ce lieu solitaire !
Là, nul bruit !... seulement, s’élançant de son aire,
L’épervier, qui chérit ces murs abandonnés,
Quelquefois plane autour des créneaux ruinés.
Et, d’un sauvage cri troublant cette retraite,
Eveille tout-à-coup les pensées du poète.
...
Extrait du poème de M. De Chènedollé - 1829
Le château de Domfront
(cliquez sur le lien pour lire le poème en entier)