LES BANLIEUSARDS ...
... en ont marre des voyous.
Hier, il y avait un nouveau panneau sur les pompes à essence du garage le plus proche.
" Vous êtes priés de pré-payer avant de vous servir. "
Me voila perplexe. Prépayer quoi ? Je ne sais même pas quelle somme j'aurai à débourser. Je rentre dans la boutique.
- Bonjour. Je viens vous demander quelle somme je dois pré-payer.
-Ca ne vous concerne pas, c'est pour les voyous, me répond le commerçant derrière son comptoir.
...Pas vraiment le look racaille moi :)
Je commence à faire le plein. A la pompe voisine, des policiers faisaient de même.
De retour vers la caisse :
- Quand la police est là, pas de souci, personne ne se permettrait de se servir sans payer.
-Détrompez vous ! Ils s'en fichent, ils risquent rien, ils n'ont peur de rien et dès que la police est partie, ils reviennent en voiture ou en moto.
Il ajoute :Je comprends pas les français,( lui venait d'ailleurs, du Maroc, de Tunisie ou d'une île quelque part sous les tropiques peut-être... Bref peu importe mais c'est amusant d'essayer de deviner à l'accent et au physique d'où viennent les gens). Ceux qui vivent dans leurs quartiers bien protégés cherchent des excuses aux voyous. Vous avez pas vu à la télé, le ministre qui est allé dorloter un voyou à Villiers le Bel ?
Intarissable, il continue :
- S'ils venaient passer une journée ici, ils auraient vite compris ce qu'ils nous font vivre.
-Ils voient pas que les immigrés eux aussi sont victimes des voyous ! ajoute un client qui attendait son heure pour en placer une.
- Le mieux c'est de quitter le pays et d'aller vivre ailleurs, a terminé le commerçant.
Désolant. Voila comment on décourage les bonnes volontés !
Cee n'était pas la première fois que j'entendais ce discours. En quittant la station, je pensais à un ami de David, commerçant lui aussi. C'est un marocain musulman laïc. On l'a rencontré
l'autre jour, et il nous a parlé de son projet de partir vivre en Israël tant c'est difficile pour lui en France. Il a du mal pour avoir son visa mais il doit retourner au Maroc cet été en
espérant qu'on le lui délivrera.
-Là-bas au moins, a-t- il dit, je pourrai vivre sans pressions. Peut-être même retrouver des amis du temps où tous les marocains, juifs et musulmans confondus, vivaient heureux ensemble, du temps où ni les extrémistes ni personne ne jetaient de l'huile sur le feu.