LE VOYAGEUR DU PETIT MATIN
Nous avancions dans sa direction. Il était seul sur un banc, un sac ouvert à ses
pieds. Ses vêtements fripés contrastaient avec son regard clair et volontaire, sa jeunesse conquérante lui servait d'étendard. Ce n'était ni un étudiant, ni un
SDF, ni l'un de ces penseurs aux habitudes immuables qui aiment venir méditer un moment.
Après avoir terminé son coca, il se leva lentement pour jeter la canette dans la poubelle la plus proche et revint s'asseoir. Il ferma les yeux et, en dépit du froid vif, j 'eus l'impression qu'il allait s'endormir. A l'observer, j'acquis peu à peu la certitude qu'il arrivait au terme d'un long voyage. Sans faiblir, il avait dû affronter les colères de l'océan sur un radeau de fortune avant de se mesurer aux barbelés qui le séparaient de notre Eldorado fictif.
Nous continuâmes notre chemin mais tout à coup un besoin irrésistible de lui souhaiter bonne chance me saisit. Je palpai le billet qui traîne toujours dans ma poche pour m'assurer qu'il était bien là et je demandai à mon mari de m'attendre un moment.
Je fis demi-tour mais il n'y avait plus personne sur le banc. J'avançai de quelques pas avant de voir au loin sa silhouette longiligne s'éloigner d'un pas incertain puis disparaître dans la brume.
Je me retrouvai seule, avec le regret de ne pas avoir accompli un simple geste d' humanité.
Après avoir terminé son coca, il se leva lentement pour jeter la canette dans la poubelle la plus proche et revint s'asseoir. Il ferma les yeux et, en dépit du froid vif, j 'eus l'impression qu'il allait s'endormir. A l'observer, j'acquis peu à peu la certitude qu'il arrivait au terme d'un long voyage. Sans faiblir, il avait dû affronter les colères de l'océan sur un radeau de fortune avant de se mesurer aux barbelés qui le séparaient de notre Eldorado fictif.
Nous continuâmes notre chemin mais tout à coup un besoin irrésistible de lui souhaiter bonne chance me saisit. Je palpai le billet qui traîne toujours dans ma poche pour m'assurer qu'il était bien là et je demandai à mon mari de m'attendre un moment.
Je fis demi-tour mais il n'y avait plus personne sur le banc. J'avançai de quelques pas avant de voir au loin sa silhouette longiligne s'éloigner d'un pas incertain puis disparaître dans la brume.
Je me retrouvai seule, avec le regret de ne pas avoir accompli un simple geste d' humanité.