LES LANGUES REGIONALES ...
...Ont-elles besoin d'être défendues ?
" La candidate Europe Ecologie-Les Verts a promis, samedi 27 août, de défendre les langues régionales menacées. Elle a dénoncé notamment "la volonté hégémonique d'imposer l'unique langue française" ...
Quand nous étions enfants, ma mère nous racontait comment ses
instituteurs, pendant le peu de temps qu'elle avait passé à l'école, faisaient la chasse à la langue cévenole au point qu'elle avait
fini par avoir honte et par mépriser ses parents qui parlaient plus souvent en patois qu'en français.
Je me souviens aussi de cette fierté triomphante qui l'éclairait lorsqu'elle me rappelait que mes premiers mots, alors que j'avais à peine plus d'un an, je les avais prononcés en
patois. Ceci compensait cela. C'était dans son esprit comme si j'avais réhabilité ce faisant, toute une lignée de cultivateurs ardéchois qui avaient souffert des exigences de la IIIe
République. Ah ah la rébellion souterraine soufflait dans les neurones de ses descendants et vengerait les exigences d'unité républicaine.
Il y eut, des années plus tard, la période de réhabilitation des langues régionales sans que l'intérêt de la chose fasse exploser à nouveau les ' parlers locaux ' et sans que, déloyale vis
à vis de ma culture ancestrale, je pousse plus loin mes connaissances de l'occitan. Que ma mère me pardonne.
Un renoncement avait cédé la place à d'autres renoncements.
La France d'aujourd'hui n'a pas fini de renoncer...
A l'heure actuelle, où en est-on ? Dans ma banlieue par exemple, il n'est plus question de langues régionales, il est question de langues venant de toutes régions du
monde. De plus en plus souvent, seuls les gestes permettent de se comprendre, bien s'ils soient souvent source de malentendus divers. Sorti de sa communauté, plus personne
ne peut avoir une conversation suivie avec personne si ce n'est sur le mode émotionnel. Certes la communication entre les humains est autant verbale que non verbale
mais joies, tristesse, colères, émotions diverses expliquées par gestes, ça devient vite fatigant musculairement. C'est alors qu'on découvre, si on ne le savait déjà,
que rien ne vaut un bon vieux dialogue avec des mots appropriés auxquels tout le monde prête le même sens, des mots soutenus par des expressions du visage et du corps qui leur en
donnent encore davantage. Quant aux échanges intellectuels ils sont vite passés à la trappe sans langue commune.
Je pense que la défense de la langue régionale est d'un autre âge. Désormais l'Europe se construisant, c'est plutôt la langue française qui a besoin d'être défendue face à la langue
anglaise. Elle reste également indispensable (avec ou sans accent) à tous ceux qui veulent venir vivre dans notre pays avant qu'ils ne se lancent, par plaisir, dans l'étude du
cévenol, du breton ou de l'alsacien.