NAJLAE...
...ou comment un conflit familial est devenu emblématique d'une loi française qui a du mal à être
appliquée.
Le 20 février, Najlae Lhimer, 19 ans, jeune marocaine sans -papiers scolarisée en France, a été expulsée par mesure préfectorale, après être allée porter
plainte contre son frère qui la battait et qui, ce jour là, aurait tapé plus fort que d'habitude.
Ce frère, au demeurant, n'intéresse personne puisque nulle enquête contre lui n'aurait été instruite. La presse reste muette à son sujet.
On le laisse dans les coulisses, alors que sa conduite vis à vis de sa soeur pouvait éventuellement justifier le retour de cette dernière dans le cocon familial à
moins qu'elle ne justifie la sienne. Pour le moins, une enquête sur son comportement aurait été nécessaire puisque plainte il y avait eue.
Des associations de défense se sont insurgées contre le renvoi de Najlae et ont rencontré Nicolas Sarkozy pour plaider la cause de la jeune fille et exiger son retour immédiat. Selon
leurs dires, Najlae aurait été contrainte à un mariage forcée au Maroc avec un homme plus âgé avant son départ. Ainsi apprend -on que dans certaines familles marocaines, on
imposerait aux jeunes filles de 14 ans de se marier avec un homme choisi par leur père.
La machine médiatique s'est emballée et a divulgué l'information selon son orientation politique. Le cas de cette jeune fille étant pour chacun prétexte à exposer son acte de foi au
sujet de l'expulsion des sans -papiers.
... Tous ces fragments de vérité enflammèrent l'imagination des lecteurs de la Presse. Pour s'en persuader,
il suffit de lire leurs commentaires sur les journaux qui ont traité cette affaire, c'est à dire tous ! Rien de tel qu'une vérité masquée, tronquée, voire illisible pour
s'échauffer. L'imagination compensatoire prend alors le pouvoir.
Le Président décida de faire revenir la jeune fille le 8 Mars. Soit pour marquer la journée de la femme. Soit pour récupérer des voix à la veille des élections régionales. Toujours selon
l'orientation des journaux et des électeurs, on pencha pour l'une ou l'autre des hypothétiques propositions.
On l'accueillit Najlae avec les honneurs pour son retour à Orly le 13 mars.
Elle en profita pour interpeller les journalistes sur le sort d'Hassan Bouyahyaoui, lycéen expulsé en mars 2009 et dans une situation similaire, en demandant qu'il revienne en France.
On blama le président en lui reprochant de faire voter une loi et de s'opposer à ceux qui la font appliquer. Ou on le loua ...un peu. C'est selon. On pensa que le FN avait récupéré des voix suite
au retour de la jeune fille ou qu'il en avait perdu. C'est toujours selon..
Le Préfet du Loiret, Bernard Fragneau, se sentit désavouer d'avoir appliquer une loi édictée par le pouvoir politique et demanda d'être démis de ses fonctions.
Nous en sommes là.
Entre temps, on a vu La Rafle et on a comparé le préfet ( dans les commentaires des lecteurs) à la police de Vichy sans voir la disproportion sans commune mesure
entre l'expulsion d'une jeune fille en situation irrégulière en direction de sa famille et de son pays et les juifs français envoyés à la mort dans les camps nazis dans des conditions
inhumaines.
Néanmoins, son attitude a le mérite de faire comprendre à ceux qui ne le savaient pas qu'un fonctionnaire du plus haut au plus petit niveau doit obéit aux ordres ou quitter sa fonction.
Dans la vidéo ci-dessous, le père de Najlae donne sa version des faits, non pas dans la Presse française qui ne lui a vraisemblablement pas demandé mais au Maroc.
QUESTIONS :
Qui dit vrai du père ou de la fille au sujet de ce mariage forcé ?
Qu'est devenu ce frère qui se permettrait de lever la main sur sa soeur au lieu de la protéger ?
Le préfet a-t-il bien agi en faisant appliquer la loi ?
A-t-il raison de vouloir démissionner ?
Et enfin y aura -t -il un quatrième épisode ?